vendredi 6 février 2009

Quatrième étape

L’une des principales révolutions au niveau de la marche de l'humanité fut le développement des diverses capacités artistiques.

L’homme découvre l’écriture, pour raconter des histoires et laisser une trace; la sculpture, pour façonner les éléments naturels et leur donner une forme inédite; la peinture pour colorer ses pensées les plus profondes; et enfin, art suprême, la musique, pour concurrencer le chant des oiseaux ou le remous des vagues.

Les êtres humains fabriquèrent les premiers instruments de musique: des percussions aux sonorités orageuses et la lyre (faite de carapaces de tortue) vinrent accompagner tous les moments de détente qu’ils s’accordaient après le labeur. Après avoir cueilli, chassé ou construit des cabanes de fortune, ils aimaient tous se retrouver en musique pour apaiser leurs âmes et détendre leurs corps.


La musique des hommes monte jusqu’aux oreilles de Dieu. Ce dernier est touché par une grâce dont Il n’est pas responsable. Son courroux s’accentue lorsqu’Il remarque que les hommes, pris par ces sons surnaturels, entrent en transe et meuvent leurs corps, totalement libérés de l’emprise de l’esprit. A cet instant, Dieu a peur de Ses créatures et les envie d’être aussi libres.

Mais le paroxysme de sa colère est atteint lorsqu’Il comprend que l’être humain parvient à faire une chose que Lui-même cherche depuis longtemps : l’homme s’amuse, faisant fi de la petitesse de son existence et par ce biais il dépasse le divin.

Au crépuscule où la musique est reine, les hommes et les femmes dansent et, comble de l’horreur, rient.

Dieu voit leurs corps et leurs visages se déformer dans l’allégresse générale. Leurs âmes scintillent au milieu des mélodies. Les hommes enlacent les femmes, les portent en virevoltant, les enfants sautillent, semblables à des oisillons frénétiques et tout ce petit monde entre, en riant, dans une osmose dont Dieu est exclu.


Car Dieu ne rie pas, Dieu ne s’amuse pas : il Lui est impossible de connaître cet état. Dieu n’aime pas rigoler.


Il est profondément affecté dans Sa fierté : Sa créature suprême Le nargue, L’ignore et, pire encore, s’amuse en toute innocence.

Cette ingratitude inconsciente marque la fin de l’harmonie qui régnait jusqu’alors. La musique et le rire constituent l’élément perturbateur qui va aboutir au divorce entre Dieu et Sa créature.

Outre l’ennui qui lui est désormais familier, Dieu, plein de la tristesse de l’enfant qu’on abandonne sans explication, prépare une vengeance à la hauteur de Sa déception.

Puisque l’homme rit sans se soucier du Créateur, ce dernier va donner à Sa créature des raisons de pleurer : Il va compenser ce rire insolent par la souffrance, jusque là épargnée aux hommes.

Le démiurge procède par étapes, prend un malin et détestable plaisir à observer la dégringolade de la destinée humaine. Puisque Sa créature L’ignore, Il va la rappeler à l’ordre, notamment par la peur, moyen le plus efficace pour rabaisser un être.



1 commentaire:

  1. J'avais loupé l'étape 3, j'ai donc fait d'une pierre deux coups... Je reste aux aguets !

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