jeudi 22 janvier 2009

Seconde étape

Puis, condensant toutes Ses capacités créatrices dans un ultime geste de génie, Dieu créa un singe amélioré : l’Homme.

Contrairement à ce que veut croire le (souvent stupide) sens commun, Dieu créa la femme avant l’homme et prit un plaisir inqualifiable à façonner un être qui Lui ressemblait autant.


Cependant lorsqu’Il crée la femme, Dieu prend peur : il constate qu’Il vient de donner la vie à un être qui Le dépasse ! Pris de panique, Il S’empresse de la détruire. Il revoit ses exigences à la baisse et crée l'homme, histoire de dominer la seconde espèce de femmes qui allait voir le jour. Afin de diviser pour mieux régner il a décidé de créer la plupart des espèces en couple.

L’homme qui naît ainsi est presque parfait : seuls quelques défauts lui sont attribués. En premier lieu la mortalité, pour que Dieu garde une certaine maîtrise de Sa créature.

L’homme s’ennuie autant que Le Démiurge mais cette sensation disparaît dès que sa nouvelle compagne apparait.

Le Créateur, fatigué, ravi, se repose et décide de ne plus rien créer : Il veut passer son temps à observer le curieux épanouissement de Sa nouvelle bestiole. Le spectacle ne Le déçoit pas.

Les capacités intellectuelles de l’homme et de la femme sont d’une nouvelle nature. Non seulement ils ont conscience d’eux-mêmes, mais ils présentent également une palette impressionnante de sentiments, de sensations, associés à une mémoire jusque là inhabituelle.


Quelques dizaines d’hommes et de femmes organisèrent donc peu à peu leur vie dans le monde que Dieu venait de créer.

A l’origine les hommes n’étaient pas foncièrement mauvais : juste vaniteux –comme leur père, et parfois indolents. La notion de mal leur était jusqu’alors totalement inconnue. Ils étaient tristes quand l’un des leurs mourrait, mais la mort elle aussi n’était qu’une disparition non douloureuse : les êtres s’éteignaient, tous au même âge, comme une flamme sur laquelle on souffle, sans maladie, sans misère et sans douleur. Juste un arrêt de la respiration, qui survenait à l’âge de quatre vingt ans (Dieu a estimé que c’était là la durée correcte de la vie, bien que la notion d’année n'ait pas été encore réellement déterminée.)


Quoiqu’elles soient inférieures à la première femme créée, les femelles sont considérées par les mâles comme des divinités, des êtres à part, du fait de leur capacité à donner la vie. Les premiers hommes en effet ne font pas immédiatement le rapprochement entre l’acte sexuel et la procréation. Lorsque le ventre d’une femme s’arrondit, annonçant la venue au monde d’un nouvel être, la communauté entière est aux petits soins de la génitrice, la couvrant d’attentions quotidiennes. Les femmes qui tombent enceintes sont considérées comme des reines.

Jamais le terme d’harmonie n’a eu une expression aussi réelle. Chacun vit en développant ses capacités physiques, intellectuelles ou artistiques, les partageant, les complétant avec ses congénères sans autre désir que celui d’un bonheur commun.


Dieu se prend d’affection pour Sa créature, plus qu’Il ne l’a fait auparavant. Ce qu’Il préfère chez l’être humain, hormis ses étonnantes capacités de raisonnement, est le jeu de séduction auquel s’adonne les couples. A la différence des animaux, les humains ne procèdent pas à l’acte sexuel dans un unique et trivial instinct de survie, mais par réel plaisir. Il remarque également que les mâles peuvent aimer d’autres mâles, il en va de même chez les femmes. Chaque fois qu’un homme ou une femme tombe amoureux, le Démiurge verse une larme.

En observant l’Homme, Dieu découvre l’amour.

La passion qui affecte hommes et femmes au nom de ce sentiment Le rend presque jaloux de Sa créature mais Il trouve cela tellement agréable à regarder qu’il ravale Sa vanité.


2 commentaires:

  1. J'aime vraiment ! :-) La suite, vite !
    PS. Le mythe de Lilith est évoqué...

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  2. En effet cette première femme "supérieure" peut s'apparenter à Lilith ;)

    la suite arrive et le démiurge n'est pas au bout de sa/ses peines...

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